« La calcédoine est à peine transparente, elle est plutôt trouble et nébuleuse. Sa couleur est grise mêlée d’autres couleurs plus faibles. On ne voit au travers de cette pierre que comme si l’on regardait au travers d’un brouillard épais ».
Au 18ème siècle, le savant suédois Wallérius décrit ainsi la calcédoine. Souvent qualifiée de terne, elle n’a pas réussi à se faire un prénom. On désigne cette pierre aux teintes discrètes par son nom de famille.
Comme Cendrillon, la modeste calcédoine connaît pourtant un grand succès. Son charme s’apprécie depuis fort longtemps. Elle symbolise une des sept vertus chrétiennes édictées au Moyen-Âge : la charité.
Caractéristiques minéralogiques de la calcédoine
Calcédoine est le nom générique donné à une famille de minéraux comprenant l’agate, la chrysoprase, la cornaline, l’héliotrope, le jaspe, l’onyx et la sardoine. Ce nom désigne aussi plus particulièrement la variété la moins colorée de cette même famille. D’apparence laiteuse, translucide, on la trouve généralement blanche, bleue ou grise parfois mauve ou jaunâtre.
Ce minéral a les mêmes caractéristiques que les autres membres de sa famille. Il s’agit d’un quartz micro-cristallin, ce qui signifie que ses infimes cristaux de structure hexagonale ne sont observables qu’au microscope. Composée essentiellement de dioxyde de silicium, la calcédoine contient généralement 0,5 à 2 % d’eau. Son éclat est mat et vitreux.
La calcédoine se forme, à des températures relativement basses, dans les roches volcaniques et dans les sédiments. Elle se développe parfois à partir de l’opale. On la rencontre sous forme d’amas, de géodes ou sous l’aspect de stalactites.
Couleurs
Elle est souvent teintée artificiellement pour raviver ses couleurs. La calcédoine saphirine, connue depuis l’Antiquité, présente naturellement une couleur bleue et une transparence plus intense que les autres. Le terme « calcédoine chromifère » est un nom commercial donné à une agate verte, originaire du Zimbabwe, colorée par le chrome.
Confusions possibles
L’aspect nuageux et trouble de la calcédoine est assez caractéristique mais il lui arrive pourtant d’être confondue avec l’opale, la chrysocolle ou la tanzanite.
Provenance
On trouve de la calcédoine un peu partout sur la planète. Voici quelques-uns des principaux :
- Amér
ique :
- Brésil
- Uruguay
- U.S.A (Californie, Arizona)
- Asie :
- Inde
- Sri-Lanka
- Taïwan
- Afrique :
- Madagascar
- Namibie
- Zimbabwe
- Moyen-Orient :
- Péninsule Arabe
- Turquie
- Russie (Oural, Sibérie)
- Europe :
- Allemagne (Oberstein)
- Angleterre (Cornouaille)
- Autriche (Erzberg en Styrie)
- Bulgarie
- Italie (Sardaigne, Sicile)
- Roumanie
- Slovaquie
- Tchéquie
- France :
- Allier
- Drôme
- Isère
- Puy de Dôme
- Massif Estérel
- Bassin Aquitain
Bijoux et objets en calcédoine
Étymologie et signification du nom “calcédoine”
Calcédoine vient du latin chalcedonius emprunté au grec Khalkédon ou Chalcedon. Le lapis chalcedonius des romains est donc notre pierre de Calcédoine.
La cité antique de Calcédoine ou Chalcedonya se situe sur le Bosphore. Son nom lui viendrait de la rivière voisine appelée Chalcedon en hommage, peut-être, au mythologique devin Kalkhas ou Calchas, petit-fils d’Apollon. Les grecs anciens de l’Île d’Eubée implantent plus tard une colonie dans ce lieu sans en changer le nom car celui-ci évoque leur principale ville, Chalcis.
La ville de Carthage, en grec Karkédon, est aussi évoquée pour expliquer l’origine de calcédoine. Pline lui-même y fait allusion. On penche généralement pour la première interprétation car la présence d’abondantes calcédoines dans la région byzantine est avérée depuis les temps les plus reculés.
Au Moyen-Âge, la calcédoine prend plusieurs formes hésitantes : Cacedoyne, cassidoine… avant d’adopter durablement chalcedoyne puis chalcédoine. Le poète de la Renaissance, Rémy Belleau, écrit « carchedoine ».
On qualifie de « calcédonieuse » une pierre dont l’apparence nébuleuse et trouble évoque celle des calcédoines. Cet état n’est certainement pas recherché dans les pierres précieuses et passe pour un défaut.
La calcédoine à travers l’histoire
Dans l’Antiquité
Tous les peuples anciens utilisent la calcédoine mais il faut attendre le Ier siècle après J.C, pour la trouver explicitement citée dans un écrit. Il s’agit du Livre de l’Apocalypse du Nouveau Testament. Un chapitre relate la construction du Temple du roi Salomon, fils du roi David. Le mur d’enceinte du Temple de la Jérusalem Céleste repose sur douze fondations ornées de pierres précieuses différentes. La troisième fondation aurait été revêtue de calcedonius. Nuls vestiges de cet édifice extraordinaire, dont la construction remonterait à l’an 1000 avant J.C, n’ont été formellement identifiés à ce jour.

Les objets en calcédoine les plus anciens parvenus jusqu’à nous sont de taille beaucoup plus modeste. Les musées exposent assez fréquemment des sceaux-cylindres babyloniens. Le musée régional de Bade en Allemagne conserve un minuscule sceau en calcédoine blanche de la période achéménide, soit environ 600 ans avant J.C. Il mesure 2,3 cm et représente deux personnages placés dans un char tiré par des dromadaires.
Pline l’Ancien et ses prédécesseurs parlent de « carchedonius ». D’après le philosophe et naturaliste grec Théophraste , cette pierre viendrait de la Garamantide (à peu près la Libye actuelle).
Beaucoup plus tard, Pline évoque précisément le sud de ce territoire en citant les montagnes de Nafamons. Il en viendrait aussi d’Égypte, de la Syrie et de la Turquie. Ce « carchedonius » n’est peut-être pas notre calcédoine actuelle. Comme toujours, l’identification des minéraux antiques s’avère difficile. Pline décrit par ailleurs une agate blanche nommée « leucachate », d’un blanc laiteux et opaque, qui pourrait correspondre davantage à notre calcédoine blanche.
Le commerce antique de la calcédoine
Le commerce antique des calcédoines a lieu à Carthage (Tunisie). Elles sont acheminées par la route commerciale maritime qui borde tout le pourtour est et sud de la Méditerranée, de la Crète à Tanger. Ce trajet, établi par les phéniciens plus de mille ans avant J.C, conduit les marchandises, de ports en ports, jusqu’à l’Occident.
La taille et la gravure des calcédoines ont lieu à Alexandrie et à Rome. De nombreux objets décoratifs, des bijoux et des camées sont parvenus jusqu’à nous. Les musées possèdent de nombreux bustes en calcédoine représentant les empereurs romains et les membres de leur famille. Ces nobles sculptures témoignent de la considération portée à cette pierre.
Le port de Chalcédoine
Ce serait vraisemblablement l’origine du nom calcédoine (voir la partie étymologie). Il s’agit peut-être du premier lieu d’exploitation de ces pierres. Chalcédoine ou Chalcedon est un port d’une région antique appelée Bithynie située au nord de la Turquie actuelle.
Les Mégariens, habitants de Mégare, antique ville grecque proche d’Athènes ont fondé cette cité, dix-sept ans avant Byzance qui lui fait face, en 675 avant J.C. La renommée de Chalcédoine, appelée aussi, au gré des diverses conquêtes, Procerastis ou Colpusa n’atteindra jamais celle de sa grande voisine. Moins bien lotie en tous points, on s’en moquera souvent. On peut y voir pourtant un magnifique temple dédié à Apollon et deux ports très actifs malgré un accès difficile.
Pline l’Ancien rapporte malicieusement que les thons eux-mêmes préféraient Byzance car ils s’effrayaient des roches blanches affleurant la surface des eaux de Chalcédoine. Notre célèbre romain ne saura jamais que son neveu et fils adoptif, Pline le Jeune devient proconsul de la Bithynie vers 110. A ce titre, il administre Chalcédoine avec une grande compétence en transformant ce simple village de pêcheurs en une cité prospère.
Quelques décennies plus tard, sous l’Empire de Marc-Aurèle, Chalcédoine accueille les Jeux Pythiques (semblables aux Jeux Olympiques). En 451, un événement chrétien, le Concile de Chalcédoine est le dernier fait marquant de ce port antique retombant ensuite dans l’oubli. La pierre de Calcédoine contribue à perpétuer le souvenir de cette ville appelée aujourd’hui Kadiköy.
Au Moyen-Âge
L’Antiquité nous a laissé un grand nombre d’œuvres d’art en calcédoine mais n’a guère parlé de ses éventuels pouvoirs et vertus. Au Moyen-Âge, on constate le contraire. En Occident surtout, les témoignages de gravure et de sculpture en calcédoine sont rares alors que les savants, férus de lithothérapie, la cite fréquemment.
Le doute n’est plus permis quant à son identification : les lapidaires la décrivent comme une agate orientale, trouble et laiteuse, remplie de nuages bleus ou blanc sale. Son aspect pâle et discret est toujours souligné mais n’entrave nullement ses pouvoirs jugés très positifs dans la lithothérapie moyenâgeuse.
Pouvoirs associés à la calcédoine au Moyen-Âge
Pour Marbode, évêque savant né vers 1040, la calcédoine placée dans la maison n’a aucun éclat mais elle brille sous le soleil , « à l’air libre et divin. ». Elle protège de la noyade et des blessures. Bénie, elle guérit les épileptiques. « La chalcedoine fait, celui qui le porte, beau, fidèle et puissant et lui fait mener à bien toutes ses entreprises. »
Sainte Hildegarde, religieuse bénédictine extraordinaire, naît en 1098 à Bingen près de Mayence. Grande mystique, elle possède, en dehors de ses connaissances religieuses, tout le savoir du Moyen-Âge et plus encore. Elle est médecin, musicienne, linguiste, psychologue, connaît toutes les plantes et les minéraux. La calcédoine et ses vertus sont décrites avec précision dans son lapidaire :
La calcédoine aide à dominer la colère et l’irascibilité survenant dans les états de mélancolie. Elle calme les bouffées de chaleur. Hildegarde conseille de la porter sur la peau nue, de préférence sur une veine qui absorbera sa force et sa chaleur pour la transmettre dans tout le corps à travers le réseau veineux. Pour délier la parole, il faut la tenir dans sa main, souffler sur la pierre et lécher la buée ainsi obtenue.
Plus tard, Albert le Grand, autre savant-religieux complète les indications de la calcédoine :
Elle vault contre illusions et fantosmes, elle cure toute fièvres et donne victoires contre tous ennemys. Elle donne bonne éloquence de parler, garde les vertus du corps, résiste au venin et délivre des tempestes… Si on la perce par le milieu et qu’on la porte au col avec une autre pierre appelée serenibus, on ne craindra point les illusions fantastiques.
Les Temps Modernes
A partir de la Renaissance, les artistes redécouvrent le savoir-faire de l’Antiquité en matière de taille et de gravure. La glyptique utilise à nouveau la calcédoine pour représenter des scènes et des personnages mythologiques, religieux ou contemporains. Le Cabinet des Médailles conserve, par exemple, un camée représentant le roi Henri IV en Hercule.
Outre les médaillons, les bagues et les boules de bracelets, la calcédoine est largement présente dans les arts décoratifs et les arts de la table. On en fait des vases, des coupes, des manches de couteaux… Si bien que les maîtres verriers de Murano créent dés le XVème siècle, une qualité de verre imitant ses reflets laiteux et ses teintes douces appelé le « verre-calcédoine ».
Pierre noble et estimée, elle n’est pas « précieuse » pour autant. Il lui faudrait pour cela plus de brillance et surtout plus de rareté. Pierre Belon, grand voyageur et naturaliste du XVIème siècle rapporte, en exagérant sans doute, que « la calcédoine est si commune au pays des turcs qu’on l’utilise pour battre le blé ».
Au cours des siècles suivants, la calcédoine ne sera pas davantage valorisée. On apprend dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert « qu’elle est de même nature que le caillou appelé communément pierre à fusil ». Pour Buffon, c’est une agate très commune moins belle que les autres. Un autre traité la décrit « de peu de valeur car extrêmement neigeuse ».
Ces commentaires peu flatteurs concernent surtout les calcédoines occidentales jugées ternes et ordinaires. La calcédoine saphirine de Transylvanie fait exception, elle est très recherchée pour ses remarquables « tons de lin tirant sur le bleu céleste ».
Quelques spécimens particuliers retiennent aussi l’attention des scientifiques des 18 et 19ème siècle :
L’Oculus Mundi
L’oculus mundi (“l’oeil du monde”) serait une calcédoine recouverte d’une couche argileuse opaque possédant la propriété de devenir transparente dans l’eau. On appelle « pierre hydrophane » ce curieux minéral associée à la calcédoine. Certains naturalistes apparentent plutôt l’oculus mundi à une opale en décomposition.
La calcédoine enhydre
On étudie aussi la calcédoine enhydre. Elle renferme une goutte d’eau plus ou moins mobile, visible par transparence. Pour conserver cette pierre, il convient de la maintenir dans l’eau mais si la goutte est trop petite, le liquide finira quand même par se cristalliser.
Le cacholong
Enfin, le cacholong, variété de calcédoine blanche et opaque, est très commenté par les scientifiques et très recherché par les artistes. Il est constitué en alternance de couches très tendres ressemblant à de la craie et de couches calcédonieuses beaucoup plus dures. On en fait de délicats bijoux, les artistes italiens toujours habiles dans la taille et la gravure les appellent « tenoduro ».
Les premiers cacholongs connus sont originaires de la Bucharie, région de la Tartarie (actuellement l’Ouzbékistan). Au 19ème siècle, ils viennent des pays nordiques comme les Îles Féroé ou le Groenland.
Au 19ème et début du 20ème siècle, la calcédoine séduit les plus grands créateurs. René Lalique l’utilise dans ses bijoux comme le pendentif « tête de femme coiffée de deux fleurs de pavot » où le délicat visage est en calcédoine blanche. Karl Fabergé en fait certains des petits animaux exotiques ou familiers destinés à la collection de la Reine Alexandra épouse du roi d’Angleterre Edouard VII.
Vertus de la calcédoine en lithothérapie
Selon la lithothérapie ancienne, la calcédoine écarte les dangers des éléments les plus craints, l’eau et le feu. De même, elle apaise les tempêtes intérieures : la colère, les angoisses et les chagrins et calme les feux du corps : les fièvres, les infections, l’épilepsie.
La sérénité est retrouvée, l’éloquence est facilitée et les relations s’apaisent. Les pensées négatives s’envolent, alors l’esprit devient plus disponible pour penser, retenir, créer.
L’aspect laiteux de la calcédoine révèle les bienfaits de l’amour maternel. Ses teintes douces inspirent l’harmonie et la paix.
Bienfaits contre les maux physiques
- Soulage les enrouements, les angines, les encombrements bronchiques.
- Combat le bégaiement.
- Favorise la cicatrisation des plaies ouvertes, infectées.
- Lutte contre la fièvre.
- Favorise la lactation.
- Diminue le glaucome.
- Restaure un bon équilibre hormonal, réduit les bouffées de chaleurs.
- Refrène l’épilepsie.
- Nettoie l’organisme des effets nocifs du tabac et de l’alcool.
- Régule la circulation sanguine.
Bienfaits sur le psychisme et le relationnel
- Apporte la sérénité.
- Facilite l’expression orale.
- Abaisse la colère, adoucit les caractères emportés.
- Apaise tristesse et chagrin, lutte contre les états dépressifs.
- Stimule la concentration.
- Favorise la créativité et l’expression artistique.
- Active la mémoire.
- Encourage la réflexion, la méditation.
- Aide à la transmission de pensées.
- Absorbe les énergies négatives des maisons.
- Protège des dangers des voyages.
La calcédoine est associée principalement aux chakras du plexus solaire (3ème), du cœur (4ème), de la gorge (5ème), et du 3ème œil (6ème).
Bonne association avec le quartz rose pour encore plus de douceur et de calme. L’élixir convient particulièrement pour les problèmes de voix et favoriser la lactation maternelle.
Purification et rechargement
La calcédoine se purifie à l’eau, ordinaire ou minérale mais de préférence non salée ou modérément salée. Elle se recharge simplement au soleil ou dans un amas de quartz.
Comments (5)
Merci pour ses découvertes j aime beaucoup me renseigner sur les pierres cristaux je travaille avec j adore les étudier
Bonjour, sérénibus est une pierre svp ?
Super intéressant
Merci beaucoup!!
j’aime les pierres et les cristaux depuis toujours ! un grand merci à vous pour ce beau site
Bonjour, je lis toujours vos commentaires très intéressant. J’adore les minéraux.
Merci.
liliane